PEUPLE ELU, PEUPLE REVOLU (SION) !

Peuple élu, peuple révolu(sion !)

Par Michel VOITURIER

Publié le 27 mai 2014

Un monologue qui aurait pu s’intituler « J’ai été Ariel Sharon… ». Et qui remet en place la façon dont la politique est gérée au Moyen Orient.
L’ex-premier ministre d’Israël (1928-2014), plongé dans un coma artificiel durant 8 ans après une attaque cérébrale aurait eu, en effet, tout le temps de soliloquer durant cette période. C’est sur cette hypothèse qu’Arslane Klioua est parti pour écrire sa fiction.

Cela commence bien entendu par l’entre-deux, ce « tunnel » où vie et mort sont à mi-chemin l’une de l’autre. Voyant défiler l’histoire d’Israël, Sharon se rend compte soudain que lui et les siens ont toujours refusé de considérer comme une évidence qu’il ne fallait pas « refuser tout droit à l’existence aux créatures qui l’environnent ».

Cette révélation lui donne une explication à la persécution dont son peuple fut la victime au XXe siècle. Puisque beaucoup de juifs, dès les années 1900, ont été « les fers de lance de l’égalitarisme et de l’internationalisme, les thuriféraires et les prophètes de l’idée communiste » et qu’ils constituaient en quelque sorte « les tenants et les aboutissants ingénieusement destructeurs de toutes les frontières quelles qu’elles soient », l’Europe voulut contrarier cette idéologie subversive et profita tacitement de la doctrine nazie pour laisser le problème se résoudre via une persécution radicale.

Après 1945, il constate que, atteints d’une « cécité vengeresse », les juifs se sont « vengés sur des innocents », comme si « la Shoah nous avait légitimement octroyé une espèce d’immunité absolue et intemporelle ». Il rappelle que les Arabes sont les descendants, comme eux, de Sem, fils de Noé et qu’ils sont donc aussi sémites. Qu’une part des croyances et des pratiques de ces « cousins » sont similaires aux leurs. Ce qui remet en question la notion d’antisémitisme. Et permet d’aboutir à cette conclusion : « Palestiniens, Arabes, musulmans, vous méritez là-bas tellement mieux ».

L’auteur rejoint un homme de théâtre, René Kalisky, qui, en 1979 déjà, écrivait dans L’Impossible royaume : « Ainsi le sionisme m’a contaminé. On me manipule, qu’on le veuille ou non. Je suis victime d’une conspiration historique, politique, idéologique. Mais à la différence de tant de juifs, je refuse de me résigner. Ce sionisme-là est une déviation, il est le crépuscule de l’universalisme juif ».
Klioua, lui, est docteur en science politique de l’université de Lyon. Son bref brûlot mériterait de trouver un metteur en scène et un interprète capables de le porter au public. Sans doute en l’adaptant à l’oralité car cette parole est parfois alourdie par une tendance récurrente à abuser des adverbes de manière.

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Source : www.ruedutheatre.eu
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