Des livres qui racontent des histoires, mais pas n’importe lesquelles.
Des personnages ancrés dans le réel, mais qui nous entraînent loin dans l’imaginaire.
Des auteurs, non pas réfugiés dans leur tour d’ivoire mais qui affrontent la société, questionnent l’état du monde.
Des livres qui nous parlent, parce qu’ils parlent de nous.
EVA BATTAGLIA
Et puis, il y a eu l’été qui a déchiré notre quotidien. Je ne pourrai jamais oublier le jour de juin où Lupe, la nourrice qui s’occupait d’Esther depuis ses trois mois, nous a fait part de ses craintes et de ce qu’elle avait remarqué d’inhabituel. Elle gardait des enfants depuis plus de trente ans et elle voyait chez Esther des comportements bizarres qu’elle n’avait pas vus chez les autres et qui devenaient de plus en plus clairs, de moins en moins faciles à ignorer. Esther ne la regardait presque plus. Esther se mettait à pleurer, d’un coup, sans raison. Esther n’allait pas vers les autres enfants. Esther évitait toute forme de conversation avec elle. Je me souviens du jour où Lupe nous a dit tout ça. Je me souviens qu’il faisait chaud, qu’Esther était à côté de nous et qu’elle portait une petite robe jaune. Je me souviens de son cou si fin dans la robe d’été, de ses cheveux courts, de sa chair de bébé et qu’elle était curieusement silencieuse. Et je me souviens aussi que, sous le choc, mes jambes se sont dérobées. Parce qu’à ce moment, l’angoisse que je cachais en mon for intérieur, la peur que je ne voulais pas voir, a pris corps. Je ne pouvais plus compter sur les autres pour me dire, dans un grand rire, enfin mais non qu’est-ce que tu vas imaginer, l’autisme ce n’est pas ça.
SEPTEMBRE 2023 / FAITS & GESTES
ISBN 9782872672455 - 13 € - 210 X 125
à lire en ligne
de Fabienne Brutus
« Ce n’est pas de la sociologie, pas de la littérature, pas un témoignage, pas un essai sur le monde du travail, pas du journalisme, je ne sais pas ce que c’est. Aucune prétention à dire que c’est comme ça partout. C’est comme ça là où j’ai regardé. »
C’est Fabienne Brutus qui le dit.
« Cassos » c’est tout ça, et plus encore.
Une écriture qui frappe et qui fait du bien. Ça réveille, ça donne un coup de fouet, une cure de vitamines.
Formation, insertion, retour à l’emploi… Qui n’a pas ses idées sur les innombrables « dispositifs » mis en place, abandonnés, remplacés, réinventés par des têtes pensantes bien intentionnées ? Autant de stratagèmes pour endiguer la colère sociale ?
Avec ses longues années de pratique professionnelle, enseignante presque aussi précaire que ses « élèves cassos », Fabienne Brutus balaie les clichés, les préjugés, les jugements sans nuances. Et ce n’est pas triste !
Tout le monde en prend pour son grade. Avec une lucidité féroce, jamais méchante, souvent avec empathie, parfois franchement hilarante. Tout en posant les questions pertinentes trop souvent évitées, évacuées par des responsables avant tout soucieux d’eux-mêmes et de la notoriété de leur institution.
A contrario, et heureusement, il s’avère qu’en dehors des clous éducatifs, les lieux de formation favorisent des rencontres culturelles, autrement improbables.
Fabienne Brutus secoue le cocotier, espérant que notre monde marche à nouveau sur ses deux pieds et pas sur la tête.
Elle dit aussi espérer que ce texte « dégage un parfum d’humanité ».
Lisez « Cassos », c’est épatant !
Faits & Gestes
juin 2022
21 x 12,5 cm-112 pages
14 euros
9782872672387
Sophie Pirson
C’est à l’été 2018 que Sophie Pirson rencontre Fatima Ezzarhouni dans un groupe qui rassemble des proches de jeunes radicalisés, des personnes victimes ou proches de victimes des attentats et des intervenants de première ligne.
Le 22 mars 2016, la fille de Sophie a été blessée dans l’attentat du métro Maelbeek. Le fils de Fatima est parti combattre en Syrie le 16 juin 2013.
Ces deux mères que tout devrait opposer vont se parler, se découvrir, se construire ensemble une amitié et une intimité fortes, à partir de leurs déchirures et au-delà de l’horreur.
Sophie Pirson peint d’une écriture sensible ce récit croisé où les deux voix se répondent en harmonie.
Pour conclure son ouvrage symboliquement le 22 mars 2020.
David Van Reybrouck, dans sa belle préface écrit :
« Cet ouvrage est plus qu’un livre sur les attentats et les combattants en Syrie. (…) C’est le récit d’une amitié nouvelle, inattendue et improbable entre deux femmes fortes, marquées par la vie, mais pas captives. (…) C’est un livre empli de douceur, sur le pouvoir de la vulnérabilité et le réconfort de la beauté. »
Sophie Pirson écrit les chemins qui se croisent, l’amitié partagée, les larmes et les rires rassemblés.
« Nous goûtons à la chaleur de nos élans avec bonheur. Je te lis les pages écrites. Tu complètes, corriges, acquiesces, précises. Nous nous sommes approchées et rapprochées avec notre passé et notre présent. Aujourd’hui, à travers nos échanges, nous nous efforçons d’inventer un futur. »
Une écriture limpide où la narration se tisse dans l’entrelacs de la conversation, de la réflexion et de la poésie.
Une fenêtre largement ouverte sur un monde qui respire.
L’ouvrage est conjointement publié dans sa traduction néerlandaise (Alle moeders wenen dezelfde tranen) aux éditions EPO, avec la même préface de David Van Reybrouck.
La traduction en néerlandais est de Marijke Persoone.
Pour la version originale en français, la préface de David Van Reybrouck est traduite par Catherine Martens.
Faits & Gestes - septembre 2021
ISBN 9782872672325 - 112 p. - 125 x 200 - 12 €
Daniel Adam
Dimanche matin. Il fait beau. Un matin de printemps. Un échafaudage.
A quoi sert un échafaudage, sinon à prendre de la hauteur ? Est-ce pour cette raison que Pierre s’y retrouve ce matin, au sommet ? En équilibre, pour y dérouler le fil de sa vie « saccadée, démolie, sauvée, espérée, détestée, attaquée, vermoulue, repeinte, rouillée, abattue, noyée, brûlée ».
Pierre a quitté l’école trop tôt, trop malheureux d’y n’être pas à sa place. La suite logique le conduit à l’usine, sur un échafaudage… c’est-à-dire au bas de l’échelle.
Mais au fil du temps, les rencontres de hasard (mais s’agit-il vraiment de hasard ?) ouvriront à Pierre des univers ignorés. Le plus bouleversant sans doute, l’amitié de Jean ; le plus déterminant sans doute, la bibliothèque de Max.
Et le monde des livres.
« Avec des livres sous la main, demain sera toujours beau, même si le livre te fait pleurer »
Si Pierre porte à lui seul toute la mélancolie du monde, la perte inconsolable de l’ami perdu, il découvre, dans sa recherche d’aujourd’hui, une richesse insoupçonnée, un ciel de grands espaces semblables à ceux du Colorado.
Daniel Adam emporte le lecteur dans un voyage, immobile comme la précarité de l’échafaudage l’impose, ou agité par le parcours d’une vie en quête d’absolu. Dans une écriture toute en nuances où se mêlent la tragédie la plus odieuse et la trivialité de l’oppression quotidienne à l’ironie subtile et la poésie des simples.
Une vie ordinaire d’un homme ordinaire ? Toute une humanité.
Daniel Adam est auteur, acteur, metteur en scène de théâtre et romancier. Il a notamment publié aux Editions du Cerisier Une histoire tue qui a été finaliste du Prix Rossel en 2010 et qui a obtenu le Prix Charles Plisnier de la Province de Hainaut en 2011.
Faits & Gestes - Septembre 2021
ISBN 9782872672332 - 144 p. - 125 x 200 - 12,50 €
Le livre de Daniel Adam : Où dans le ciel ? a été finaliste du Prix Marcel Thiry en 2022
de Giovanni LENTINI
Pour son troisième roman, Giovanni Lentini revient à Seraing, cette banlieue liégeoise de son enfance.
Une impasse, ruelle étroite et sombre, « réservée aux pauvres, aux étrangers, aux rejetés, aux abîmés de la vie, aux délaissés, aux déclassés. » C’est là que naît Giuseppe : Pino pour ses parents venus de Sicile en 1946, Jojo pour les copains de l’école. C’est là qu’il va vivre toute son enfance, et si le soleil n’y fait que de furtives apparitions, sa ruelle se colorie d’une vie chaleureuse, espiègle et bigarrée.
À l’écart de la rue Molinay, la grande rue commerçante, symbole de la société de consommation naissante, la ruelle est elle-même le microcosme d’une société humble mais pas misérable, dure parfois, solidaire toujours. Un petit peuple, fier et debout.
Giovanni Lentini aime ses personnages, et les fait aimer au lecteur. A travers eux, c’est une époque essentielle de l’histoire contemporaine qu’il met en scène : celle qui voit la naissance des « Trente glorieuses », mais celle aussi de la grande grève de l’hiver 60-61. Une époque qui voit basculer un monde attaché à ses traditions vers une modernité qui va tout bousculer.
C’est de là que vient notre monde d’aujourd’hui, et ces « Vies à l’ombre » nous l’éclairent d’un point de vue inattendu.
Giovanni Lentini est né en 1951 à Seraing. Sociologue. Ex-journaliste. Réalisateur, notamment du documentaire TV 1946-1956 : les années de l’espoir. Auteur d’un essai L’abécédaire de l’égalité, aux éditions Luc Pire et de deux romans Francesco et François et J’irai plus loin, tous deux aux éditions du Cerisier.
Faits et Gestes
Mars 2019, 152 p., 12 €
978-2-87267-215-8
DAVID MURGIA LIT UN EXTRAIT DE « VIES À L’OMBRE »,
DE GIOVANNI LENTINI
Pierre ORBAN
Dans le Madrid des « Indignés » de 2011, Alba, jeune universitaire sans emploi tente de se débrouiller au jour le jour, comme tous ses amis victimes comme elle de la crise et de ses remèdes calamiteux mis en place par le gouvernement.
Entre enthousiasme et désillusions, inventivité et frustrations, ce roman à la fois sombre et lumineux témoigne de la réalité vécue par la génération actuelle des jeunes adultes espagnols.
Et quand la route d’Alba croise celle de la jeune artiste Luna, l’écriture de Pierre Orban déploie la vision d’une relation amoureuse toute en contrastes, entre soleil et ombre.
2016 - Roman – 12,5 x 20 – 144 p. - 12 €
ISBN 978-2-87267-200-4
voir l’article de Actualitté
https://www.actualitte.com/article/...
voir l’article de "la Revue AIDE-mémoire" n°80
http://www.territoires-memoire.be/i...
GIOVANNI LENTINI
Je réponds toujours oui à ces sollicitations qui attisent ma curiosité et me portent plus loin. Il y en a un à qui cela ne plaît pas. Mon mari. Ma curiosité l’agace. Elle menace le couple figé qu’il s’obstine à vouloir conserver comme une relique, hostile à tout changement. La peur l’enferme dans quelques certitudes recroquevillées : famille, maison, football, vacances. Un petit bonheur banal qu’il protège fébrilement, à l’abri de la remise en question. Moi, je le vois comme un naufragé sur un radeau, que la moindre petite vague met en péril. Lui, il ne veut rien voir. Son monde est immobile et répétitif. Ma curiosité bouge, explore, désire. J’ai envie de me passionner. Il a envie de tranquillité. Je veux la vie. Il veut… Que veut-il au fait ? Ne pas prendre de risques pour ne pas être déçu ? Je n’en sais plus rien.
2015 - Faits et Gestes - 12,5 x 20 - 128 p - 11 euro - 978-2-87267-188-5
http://le-carnet-et-les-instants.net/2015/08/10/lentini-j-irai-plus-loin/
Rendez vous dans la rubrique "lu dans la presse"
Raul Rossetti
Raul Rossetti est né en 1929 en Italie du Nord. Une enfance joyeuse dans l’Italie des pauvres. Une adolescence turbulente dans l’Italie de la guerre. Un service militaire dans la marine. Puis l’émigration vers la Belgique et ses mines en région liégeoise. Il y reste trois ans. De retour en Italie, il écrit Schiena di vetro, une autobiographie dédiée « à tous ceux qui ont mordu le charbon et la poussière ».
Paru en 1989 chez Einaudi à Turin, l’ouvrage connaîtra un grand succès, et remportera le prix « Pieve ». Il paraîtra ensuite en collection de poche chez Baldini et Castoldi.
Echine de verre n’est pas un livre de plus sur la mine.
Le récit plonge dans la réalité la plus violente, avec la peur, la soif, la sueur, le sang, la mort. Mais aussi l’amitié et la solidarité sans limites, le rôle vital du tabac, ou les dialogues avec les chevaux et les rats. Et toujours la lutte acharnée avec la roche.
Rossetti exprime un amour féroce de la vie, de la fête, du soleil, des femmes, amour qui fait la part belle à la sensualité, rarement rencontrée dans ce monde masculin.
Dans une langue qui balance de l’italien au français, qui jongle avec les dialectes de l’un et de l’autre, l’expression populaire et réaliste se marie à l’imaginaire poétique.
Un livre d’une force et d’une humanité rares, que le travail obstiné des traducteurs permet de toucher au plus près.
2013 - 12,5 x 21 - 304 p. - 14,50 € - 978-2-87267-169-4
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Francesco et François
De Giovanni Lentini
François est un brillant avocat, né à Seraing, banlieue de Liège vouée à la sidérurgie.
Issu d’un milieu ouvrier d’origine italienne, ses études et son mariage avec Anne-Sophie le propulsent dans les sphères de la haute bourgeoisie bruxelloise.
Quinze ans qu’il n’a plus mis les pieds à Seraing, depuis la dispute avec son père. Un père aujourd’hui gravement malade, que François vient revoir.
Mais avant de lui parler, il ressent le besoin de respirer « son » Seraing, d’aller à la rencontre des gens de son enfance. Des moments d’émotion et de retrouvailles qui permettent à Francesco de s’insinuer dans les failles d’un François qui doute.
De Francesco à François du temps de l’enfance, au retour de François vers Francesco à l’âge de la maturité, Giovanni Lentini pose dans ce premier roman la question de l’ascension sociale et du dilemme qui l’accompagne, quand la fierté de la réussite le dispute à la trahison des origines.
2011 - 12,5x20 - 96 p. - 9 € - 2-87267-150-1
[http://www.cepag.be/activites-culturelles/livres/francesco-francois-giovanni-lentini]
http://www.lalibre.be/actu/gazette-...
[http://www.rtc.be/emissions/focus/1446026-focus-giovanni-lentini]